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Caring for kids new to Canada

Guide pour les professionnels de la santé œuvrant auprès des familles immigrantes et réfugiées

Le dépistage de la surdité

Faits saillants

  • Une ouïe intacte est un élément essentiel au développement du langage et de l’élocution ainsi qu’au développement cognitif.
  • En Europe et aux États-Unis, de un à trois enfants sur mille présentent une perte auditive.1
  • On estime qu’à l’échelle mondiale, 80 % des personnes atteintes d’une déficience auditive moyenne à profonde viennent de pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire.2 Ainsi, les enfants venant de pays en développement pourraient être plus susceptibles de présenter une déficience auditive que l’ensemble de la population du Canada.2,3
  • Il est possible que les enfants immigrants et réfugiés n’aient jamais subi de dépistage de la surdité dans leur pays d’origine.
  • Un retard de développement du langage ou de l’élocution ne doit pas être attribué à une langue maternelle ou à une culture différentes jusqu’à ce qu’un test auditif et d’autres évaluations appropriées aient été effectués.
  • La détection précoce de la perte auditive chez les nourrissons et les jeunes enfants joue un rôle crucial pour assurer une croissance et un développement optimaux. La prévention primaire permet d’éliminer la moitié des cas de surdité et de déficience auditive.
  • Un enfant devrait subir un test auditif avant son entrée à l’école, ainsi qu’à tout moment où son ouïe ou son développement du langage suscitent des inquiétudes.

Pour que le développement des enfants et des adolescents soit optimal, ceux-ci doivent avoir une excellente ouïe. La privation auditive durant la petite enfance peut entraîner un déficit irréversible du développement du langage, des habiletés psychosociales et communicationnelles, de la cognition et de l’alphabétisation.4 De plus, une déficience auditive peut retarder l’acquisition de l’anglais ou du français par l’enfant nouvellement arrivé au Canada et nuire au processus d’adaptation et d’acculturation

Le dépistage de la perte auditive chez les jeunes et l’intervention sont importants pour différentes raisons :

  • La moitié des cas de surdité et de déficience auditive pourraient être évités grâce à la prévention primaire.2
  • Les effets sur l’élocution et le langage sont directement proportionnels à la gravité de la déficience auditive et au délai avant le diagnostic et l’intervention.4
  • Plus les services d’intervention sont offerts rapidement à l’enfant atteint, meilleures sont ses chances d’atteindre son plein potentiel.

Causes de la déficience auditive et de la surdité

Il se peut que les jeunes nouvellement arrivés au Canada – surtout ceux qui arrivent de pays en développement – soient plus susceptibles d’être atteints de déficience auditive que l’ensemble de la population. En effet, selon des données de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), 80 % des personnes atteintes de déficience auditive viennent de pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire, desquels arrivent justement un grand nombre de jeunes néo-Canadiens.2,3

La moitié des jeunes atteints d’une perte auditive ne présentent aucun facteur de risque discernable.

La déficience auditive et la surdité peuvent être causées par :2,4-6

  • une prédisposition génétique (50 % des cas possèdent des antécédents familiaux de déficience auditive permanente);
  • des anomalies crâniofaciales, touchant notamment l’oreille externe (nouveau-nés);
  • une infection congénitale (p. ex., méningite bactérienne, infection à cytomégalovirus, toxoplasmose, rubéole, herpès, syphilis);
  • des complications durant la grossesse ou la période périnatale (p. ex., traumatisme à la naissance, jaunisse grave);
  • un séjour à l’unité de soins intensifs néonatals de plus de deux jours ou accompagné d’un des éléments suivants (quelle que soit la durée de l’hospitalisation) : ventilation assistée, utilisation de médicaments ototoxiques, hyperbilirubinémie exigeant une exsanguinotransfusion, oxygénation extracorporelle;
  • une maladie infectieuse (p. ex., méningite, rougeole, oreillons, rubéole, tuberculose);
  • des otites chroniques;
  • une anémie ferriprive;
  • une exposition à des médicaments ototoxiques;
  • du bruit excessif (p. ex., appareils d’écoute personnels, machinerie, coups de feu, explosions).

Selon l’OMS, 80 % des déficiences auditives sont attribuables à des otites moyennes suppurées chroniques, et 90 % de ces cas surviennent dans des pays en développement.7 En outre, les résultats d’une récente étude australienne laissent croire que la prévalence des otites moyennes suppurées chroniques est largement supérieure chez les réfugiés que dans l’ensemble de la population.8

Signes de perte auditive chez les nourrissons et les enfants

Vous trouverez ci-dessous une liste des signes de perte auditive.9,10 Les cliniciens ne doivent pas attribuer un retard du développement du langage ou de l’élocution à une langue maternelle ou à une culture différentes avant d’avoir effectué un test auditif et d’autres évaluations appropriées.

Un nourrisson ou un tout-petit atteint d’une perte auditive pourrait :

  • cesser de babiller (les parents ne remarquent habituellement pas ce symptôme avant que l'enfant n'atteigne environ 12 mois);
  • ne pas porter attention ou ne pas réagir aux bruits forts dans la maison (p. ex., sonnette, téléphone, jappements d’un chien);
  • ne pas se tourner vers les sons (à trois ou quatre mois) ou les mots parlés (neuf mois);
  • attraper souvent le rhume ou des otites avec ou sans épanchement;
  • être incapable d’employer des mots seuls à ses 12 mois;
  • ne pas comprendre des phrases simples si le locuteur ne se trouve pas en face de lui (p. ex., « va chercher tes souliers »);
  • commencer à parler plus tard que la moyenne ou être difficile à comprendre;
  • parler fort ou monter le volume de la télévision ou de la radio si fort qu’il dérange les autres.

Un enfant d’âge préscolaire ou scolaire atteint d’une perte auditive pourrait :

  • commencer à parler plus tard que la moyenne ou être difficile à comprendre;
  • avoir besoin qu’on lui dise les choses plus d’une fois;
  • parler fort ou monter le volume de la télévision ou de la radio;
  • avoir de la difficulté à suivre des consignes simples;
  • sembler ne pas porter attention, surtout au sein d’un groupe ou dans un milieu bruyant comme un service de garde ou une cour d’école;
  • avoir des troubles d’apprentissage à l’école (faire aussi évaluer la vision);
  • se fâcher facilement, soit plus que les enfants de son âge.

Les parents trouveront d’autres renseignements sur l’ouïe de leur bébé sur le site Soins de nos enfants de la Société canadienne de pédiatrie.

Recommandations relatives au dépistage

Dépistage : nouveau-nés

Étant donné que la moitié des enfants souffrant de perte auditive ne possèdent aucun facteur de risque discernable, de nombreux organismes, dont la SCP, recommandent le dépistage universel des troubles de l’audition chez les nouveau-nés.1,4,11,12

Ces programmes de dépistage visent habituellement :4

  • le dépistage avant un mois,
  • la confirmation du diagnostic avant trois mois;
  • l’application de mesures d’intervention avant six mois, au besoin.

On recommande le dépistage des nouveau-nés, car il favorise la détection précoce et la prise en charge rapide au moyen d’un traitement médical ou chirurgical, ou encore par l’utilisation d’appareils comme des appareils auditifs, des implants cochléaires, des prothèses auditives à ancrage osseux ou d'autres appareils d'assistance.4

Il est possible que les enfants néo-canadiens n’aient jamais subi de dépistage de la déficience auditive dans leur pays d’origine. En effet, un rapport publié en 2010 par l’OMS souligne les éléments suivants :12

  • La mise en œuvre de programmes gouvernementaux de dépistage de la surdité chez les jeunes n’est pas uniforme à l’échelle mondiale.
  • Presque tous les pays d’Asie du Sud sont dépourvus de programme de dépistage de la surdité chez les nouveau-nés et les nourrissons.
  • Bien qu’environ la moitié des pays d’Europe se soient dotés de programmes de dépistage et d’intervention obligatoires, le degré de mise en œuvre et de couverture varie considérablement d’un pays à l’autre et d’une région à l’autre.

Malheureusement, malgré les nombreux avantages du dépistage, la mise en œuvre de programmes de dépistage universel des troubles de l’audition chez les nouveau-nés manque également d’uniformité au Canada. On ne retrouve des programmes de dépistage entièrement subventionnés que dans quelques provinces ou territoires, comme en Ontario et en Colombie-Britannique.4

Un enfant devrait subir un test auditif avant son entrée à l’école, ainsi qu’à tout moment où son ouïe ou son développement du langage suscitent des inquiétudes.1

Tests de dépistage

Deux tests sont utilisés pour le dépistage de la surdité chez les nouveau-nés et les enfants :4

  1. Émissions oto-acoustiques (EOA) : permet d’évaluer la réaction de l’oreille interne au son.
  2. Potentiels évoqués auditifs du tronc cérébral (PEATC) : permet d’évaluer la réaction du cerveau au son.

Les pratiques exemplaires recommandent d’effectuer d’abord le test d’EOA. En cas d’« échec », on utilise ensuite le test de PEATC.13

Intervention

Si les résultats du test de dépistage sont anormaux, l’enfant doit subir dès que possible un test auditif complet réalisé par un audiologiste qualifié.

Le document de principes de la SCP sur le dépistage des troubles de l’audition4décrit les étapes à suivre par le clinicien après le diagnostic de déficience auditive d’un jeune patient :

  • Déterminer l’étiologie de la déficience auditive. Une évaluation détaillée des antécédents familiaux et de l’état médical permettra de déterminer si l’enfant est atteint de comorbidités ou de déficience auditive syndromique ou non syndromique. De nombreux nouveaux arrivants ne maîtrisent pas assez bien l’anglais ou le français pour faire une description détaillée de leurs antécédents. Le recours à un interprète peut donc apporter une aide essentielle pour faciliter la communication. Pour en savoir plus sur le recours aux interprètes, cliquez ici
  • Consulter un otorhinolaryngologiste pédiatre, un ophtalmologiste et un généticien. Il est important de procéder rapidement à une évaluation de la vision afin de déterminer la présence éventuelle d’un trouble génétique sous-jacent (p. ex., syndrome d’Usher), ainsi que de maximiser l’apport sensoriel.
  • Faciliter un aiguillage rapide vers des interventions médicales, éducatives ou chirurgicales. Les nouveaux arrivants sont confrontés à de nombreux obstacles à l’accès aux soins. Préparez-vous à offrir une aide supplémentaire aux familles de nouveaux arrivants qui tentent de s’y retrouver dans le système de santé.

Prévention

Les cliniciens devraient profiter des consultations régulières avec les jeunes patients et les familles pour discuter de la prévention de la perte auditive, surtout celle associée à l’écoute de musique. La limite recommandée d’exposition au bruit en milieu de travail est de 85 dB, tandis que l’exposition au bruit associée aux concerts rock et aux appareils d’écoute personnels peut atteindre 120 dB.14

Quelques ressources

Liens utiles

Références

  1. Centres pour le contrôle et la prévention des maladies. Hearing loss in children, 2012.
  2. Organisation mondiale de la santé. Surdité et déficience auditive [aide-mémoire, 2013]
  3. Mathers C, Smith A, Concha M. Global burden of hearing loss in the year 2000, dans Global Burden of Disease, 2000, Organisation mondiale de la Santé, Genève, Suisse: OMS, 2000.
  4. Société Canadienne de pédiatrie. Comité de la pédiatrie communautaire. Le dépistage universel des troubles de l’audition chez les nouveau-nés, Paediatr Child Health 2011;16(5):301-5.
  5. Algarín C, Peirano P, Garrido M, Pizarro F, Lozoff B. Iron deficiency anemia in infancy: Long-lasting effects on auditory and visual system functioning. Pediatr Res 2003;53(2):217-23.
  6. Nicolau Y, Northrop C, Eavey R.Tuberculous otitis in infants: Temporal bone histopathology and clinical extrapolation. Otol Neurotol 2006;27(5):667-71.
  7. Acuin, J. Chronic suppurative otitis media: Burden of illness and management options, Genève, Suisse, OMS, 2004.
  8. Benson J, Mwanri L. Chronic supperative otitis media and cholesteatoma in Australia's refugee population. Aust Fam Physician 2012;41(12):978-80.
  9. Société Canadienne de pédiatrie. Comité de la pédiatrie communautaire. L’ouïe de votre bébé [document à l’intention des parents, 2008].
  10. Ministère des services à l'enfance et à la jeunesse. Votre bébé entend-il?.
  11. U.S. Preventive Services Task Force, 2008. Universal screening for hearing loss in newborns.
  12. Organisation mondiale de la Santé. Newborn and infant hearing screening: Current issues and guiding principles for action, Genève, Suisse, OMS, 2010.
  13. McLean M, Wolery M, Bailey DB Jr. Assessing Infants and Preschoolers with Special Needs, 3rd edn. Upper Saddle River, NJ: Pearson Education Corp., 2004.
  14. Société Canadienne de pédiatrie. Comité de la pédiatrie communautaire. Preventive health care visits for children and adolescents aged 6 to 17 years: The Greig Health Record – technical report, Paediatr Child Health 2010;15(3):157-9.

Éditeurs scientifiques

Danielle Grenier, MD

Julie Bailon-Poujol, MD

Mise à jour : avril, 2018