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Caring for kids new to Canada

Guide pour les professionnels de la santé œuvrant auprès des familles immigrantes et réfugiées

Le développement de l’enfant : enjeux et évaluation

Faits saillants

  • La maturité scolaire est importante pour la réussite à long terme.
  • Les familles de nouveaux arrivants peuvent adopter diverses attitudes envers le développement et les incapacités des enfants, et leurs réactions à un enfant qui a un retard de développement peuvent s’en ressentir.
  • Les familles peuvent hésiter à transmettre leurs préoccupations aux dispensateurs de soins ou ne pas trop connaître le rôle des dispensateurs de soins dans ce contexte.
  • Il faut poser des questions actives fondées sur les outils recommandés pour dépister les troubles du développement, à l’aide d’un interprète, dans la mesure du possible.
  • Il faut observer activement les troubles du développement chez les jeunes enfants, au moyen des ressources offertes dans votre collectivité, votre province ou votre territoire.
  • Si un professionnel de la santé dépiste un problème chez un jeune enfant, il doit diriger l’enfant et sa famille vers les services préscolaires et les services d’intervention en place.
  • Si un problème est dépisté chez un enfant, d’âge scolaire, un jeune ou un adolescent, il faut le diriger vers les services scolaires appropriés.
  • Un suivi peut s’imposer pour s’assurer que les familles sont en mesure d’accéder aux services vers lesquels ils ont été dirigés.

Le contexte culturel

Au Canada, les enfants ayant des incapacités participent à la plupart des aspects de la vie et peuvent devenir des membres actifs de la société. Ce n’est pas le cas dans tous les autres pays. Les nouveaux arrivants peuvent provenir de sociétés où les connaissances et les attitudes envers les enfants ayant des incapacités peuvent être très différentes de celles de la population née au Canada.

Les nouveaux arrivants peuvent :

  • ne pas être informés des tendances et des étapes du développement habituel de l’enfant;
  • ne pas connaître les ressources et les systèmes conçus pour aider les enfants ayant des troubles du développement;
  • ne pas savoir que les gouvernements et les écoles offrent du soutien et des aménagements aux personnes ayant des déficiences.            

Il faut se rappeler que certaines familles peuvent hésiter à exprimer leurs inquiétudes, de crainte de nuire à leur chance d’obtenir la résidence permanente au Canada. En revanche, les familles placent souvent de grands espoirs dans la capacité du système de santé canadien à résoudre des troubles du développement qui ne peuvent pas nécessairement être guéris, comme ceux associés à des anomalies chromosomiques.

Les enfants qui ont la maturité scolaire voulue à leur arrivée à l’école s’adaptent mieux à l’enseignement formel et réussissent mieux au fil du temps. L’instrument de mesure du développement de la petite enfance (EDI) permet de déterminer les populations plus ou moins à risque à leur arrivée à l’école. Les apprenants d’une langue seconde, c’est-à-dire les enfants qui ne maîtrisent pas la langue d’enseignement (p. ex., le français ou l’anglais), peuvent avoir atteint la maturité nécessaire, mais présenter un retard sur le plan de la langue, des connaissances générales, de la communication et du développement cognitif1.

Si un enfant a d’autres problèmes de développement, il est important de le diriger vers des programmes qui favorisent la maturité scolaire, tels que des programmes préscolaires structurés, de même que vers d’autres services qui encouragent le développement et le soutien aux parents.

Le dépistage et la prise en charge des déficiences intellectuelles

À l’arrivée des enfants au Canada

À la première évaluation : De l’information à jour sur le développement de l’enfant, sur l’histoire d’immigration de la famille et sur les expériences scolaires antérieures peut contribuer à déterminer si l’enfant a besoin d’être dirigé vers des services de soutien. Il se peut que certains enfants aient besoin de services plus intensifs que ceux qui sont offerts par le système public canadien. Les enfants ont pu se faire prescrire des médicaments qui ne sont pas offerts ou qui ne sont pas utilisés de la même façon au Canada. Une recherche dans Internet permettra de connaître les ingrédients des médicaments moins courants.

Des approches structurées, telles que le Relevé postnatal Rourke, l’ABCdaire/Healthy ABCs ou les Questionnaires sur les âges et les étapes (ASQ), peuvent contribuer à déterminer les troubles de développement des enfants d’âge préscolaire jusqu’à l’âge de cinq ans. Le questionnaire ASQ est offert en anglais, en espagnol, en somalien et en hmong, et la deuxième édition est offerte en français. De l’information sur les questionnaires ASQ dans d’autres langues figure dans le site http://agesandstages.com/what-is-asq/languages.

Chez les enfants plus âgés, l’information sur l’histoire médicale, les évaluations développementales et psychologiques antérieures et les expériences scolaires peut révéler si on avait dépisté des problèmes avant leur arrivée au Canada. Le soutien d’un interprète peut être très utile pour garantir l’exactitude de l’information et permettre aux familles de participer pleinement à la visite médicale.

L’évaluation du développement

Les professionnels de la santé du Canada font appel à des processus de surveillance continue pour dépister les enfants vulnérables à un retard de développement et pour les diriger vers des ressources communautaires supplémentaires.

En Ontario, par exemple, on insiste sur le bilan de santé à 18 mois pour dépister les enfants qu’on croit vulnérables à un trouble du développement, au moyen du dépistage des troubles du développement du district de Nipissing. Il est essentiel de procéder à la surveillance active du développement pour dépister les enfants qui ont un retard et qui pourraient avoir besoin d’une intervention.

Le Relevé postnatal Rourke ou l’ABCDaire peut fournir une structure de surveillance, mais il est essentiel de diriger les enfants vers un soutien en cas d’inquiétude confirmée. Puisque la famille nouvellement arrivée peut éprouver de la difficulté à s’y retrouver en matière de services et d’envois en consultation, ils peuvent profiter d’un suivi du professionnel de la santé.

Il peut être difficile d’évaluer un enfant d’âge scolaire ou un adolescent qui vient d’arriver au Canada, parce qu’en général, les outils ne sont offerts qu’en français ou en anglais. Les outils qui évaluent les compétences non verbales peuvent être utiles. À cet égard, on peut trouver des ressources dans le site Web de la Société canadienne de pédiatrie.

Les parents immigrants et réfugiés peuvent affronter des défis qui compliquent la mise en application des conseils du dispensateur de soins, tels que l’absence de réseau d’entraide, le deuil envers ce qu’ils ont sacrifié, l’histoire de migration traumatisante, la difficulté à affronter l’incapacité de leur enfant ou des troubles complexes en santé mentale. Ils peuvent être sous-employés ou travailler de longues heures pour assurer un revenu familial de base. De plus, bon nombre des ressources d’information pour les parents ne sont disponibles qu’en français ou en anglais. Ce sont là des facteurs de risque supplémentaires qui peuvent aggraver l’état de l’enfant et nuire à son accès aux soins.

Lorsque le médecin remarque un trouble de développement, il est important de l’expliquer et de l’interpréter à la famille en fonction de son contexte psychosocial et culturel. Dans des perspectives culturelles différentes, il se peut que l’atteinte de certaines étapes à un âge donné, comme manger seul ou s’habiller seul, ne soit pas considérée comme prioritaire. En expliquant aux parents que les enfants doivent avoir acquis des compétences de base particulières à leur entrée à l’école, vous pouvez leur donner une raison d’enseigner activement ces activités de la vie quotidienne. Il est également préconisé de souligner l’importance d’offrir des expériences valorisant l’apprentissage précoce et de le faire tôt dans la vie de l’enfant pour favoriser un pronostic développemental favorable à long terme. La Société canadienne de pédiatrie propose un document d’information pour les parents, intitulé Le développement de votre enfant : À quoi vous attendre.

La plupart des collectivités proposent des services et des programmes aux enfants et adolescents ayant des incapacités. La famille peut également avoir droit à des prestations gouvernementales. Certaines familles ne sont peut-être pas au courant des services gratuits en place. Une fois le trouble du développement diagnostiqué, il est très utile de diriger la famille vers les services et le financement offerts dans le système canadien et de lui recommander des services locaux, tout en soulignant les avantages d’y participer. Les familles peuvent trouver utile de participer à un groupe de défense d’intérêts ou à un groupe d’entraide qui se consacre aux besoins de leur communauté culturelle, linguistique ou ethnique.

Ce que peuvent faire les professionnels de la santé

  1. Lors de la première évaluation, poser des questions actives fondées sur des outils existants pour dépister les troubles du développement, à l’aide d’un interprète, dans la mesure du possible, et d’une approche adaptée sur le plan de la culture.
  2. Assurer une observation active des troubles de développement chez les jeunes enfants, au moyen des ressources offertes dans votre province ou votre territoire, telles que le bilan de santé à 18 mois en Ontario.
  3. Pendant l’anamnèse des enfants nés à l’extérieur du Canada, envisager les maladies infectieuses et non infectieuses rares au Canada, mais qui peuvent entraîner des séquelles sur le plan du développement, telles que le paludisme cérébral, la carence en vitamine B12 ou la toxicité au plomb.
  4. Diriger la famille de l’enfant vers les services préscolaires, d’intervention et de soutien offerts. 
  5. Une lettre d’un professionnel de la santé soulignant les besoins et les diagnostics de l’enfant peut aider les parents qui évoluent dans un contexte des services thérapeutiques et de soutien scolaire.

Quelques ressources

Documents tirés du site Web Soins de nos enfants de la Société canadienne de pédiatrie

Webinaire (offert en anglais seulement) :

Références

  1. Janus M, Hughes D, Duku E. Patterns of school readiness among selected subgroups of Canadian children: Children with special needs and children with diverse language backgrounds. Hamilton, Ont.: Offord Centre for Child Studies, McMaster University, 2010.

Éditeurs scientifiques

William Mahoney, MD

Cecilia Baxter, MD

Ripudaman S. Minhas, MD

 

Révision(s) par:
Mahli Brindamour, MD

Mise à jour : mars, 2023